Dans le nord de l'Alsace, à l'écart de la nationale qui relie Strasbourg à Wissembourg,
en bordure du parc naturel des Vosges du Nord est situé le pittoresque village de Steinseltz.
Il se blottit dans un petit vallon, au bord d'un ruisseau, entouré de vignes, de prés et de pommiers.
Les collines pré-vosgiennes toutes proches complètent l'écrin de ce havre de verdure.
La tradition de la vigne est ancienne dans ce village du piémont alsacien.
On y produit le vin depuis des temps immémoriaux.
Entouré de vignobles et de pommiers, Steinseltz est une commune située à 3 km au Sud de Wissembourg.
Le village est dans le creux d'un vallon que le ruisseau "Hausauerbach" a creusé dans les premières des collines sous-vosgiennes
qui se dirigent dans le sens Ouest-Est entre les Vosges et le Rhin parallèlement à la frontière artificielle avec l'Allemagne.
Le coteau exposé Sud est partiellement consacré à la vigne, celui au Nord est occupé par les champs.
Par sa situation à l'extrémité septentrionale de l'Alsace, au point d'intersection de la vallée frontière de la Lauter
et de la voie romaine qui mène de Wissembourg à Saverne en longeant le pied des Vosges, Steinseltz fait partie de cette région stratégique
exposée aux invasions venant du Nord et qui se sont toujours heurtées à ce premier contrefort sur le sol français et entré
dans l'histoire sous le nom de "Geisberg".
Steinseltz est une commune de l'arrondissement et du canton de Wissembourg.
Lors des hostilités de la seconde guerre mondiale, le village faisait partie de la zone frontalière
sise entre la ligne Maginot au Sud et la ligne Siegfried au Nord, donc dans une sorte de "no man's land" qui a du être
évacué en 1939 pour être livré aux spoliations les plus atroces et les plus honteuses dont les
tristes héros furent tantôt les troupes francaises tantôt les troupes allemandes et leurs
alliés.
Certains ouvrages de la ligne Maginot existent encore sur le territoire de la commune, mais ne sont pas assez
significatifs pour être rénovés ou simplement entretenus, comme ceux du Four à Chaux de Lembach ou de Hunspach
Steinseltz -Sel Gemme- rappelle l'existence dans le secteur du pays de Wissembourg de salines,
dont la dernière exploitation a été suspendue il y a quelque deux cents ans à Soultz-sous-Forêts.
Pourtant il n'existe plus aucune trace d'exploitations de sel gemme dans le village et les environs immédiats.
D'aucuns estiment par contre que les noms des localités de Seltz, Riedseltz, Steinseltz etc. proviennent
du fait de la situation géographique de ces deux villages sur les deux routes du sel dont la première reliait
l'Autriche à la Hollande en longeant la vallée du Rhin et la seconde Wissembourg, gros marché de sel au moyen-âge,
à Saverne.
L'origine de l'histoire de Steinseltz est intimement liée à celle de l'abbaye de Wissembourg,
fondée au VIII siècle par le moine Dagobert de Spire. Des lieu-dits témoignent encore de cette époque lointaine
comme celui de Auf der Hub. Une Hub n'était rien d'autre qu'une parcelle de terre louée par
le couvent à des particuliers contre un fermage bien défini.
En 1401, après le déclin de l'abbaye de Wissembourg, les
sirs de Hohenbourg, s'emparèrent du village comme d'ailleurs de ceux de Cleebourg, Oberhoffen-lès-Wissembourg et Rott.
Son successeur Wirich II construisit le château de Cleebourg en 1412.
En 1475, Wirich III s'allie au comte Louis de Deux-Ponts contre le comte électeur palatin Frédéric. Victorieux,
ce dernier annexera le village de Steinseltz.
Cette époque est matérialisée dans le blason de Steinseltz.
C'est à Steinseltz, dans une de ces maisons alsaciennes, aux murs blanchis à la chaux, aux poutres noires,
avec de grandes portes cochères et une cour spacieuse que naquit le 17 Août 1846, Marie Trautmann. Fille d'un cultivateur,
cet enfant prodige donne à neuf ans, au piano, ses premiers concerts. A onze ans elle joue à la cour
d'Angleterre devant la reine Victoria.
Ayant épousé en 1866 un virtuose, Alfred Jaëll,
ami de Brahms, Chopin et de Liszt, elle poursuit avec lui ses tournées, à travers toute l'Europe. Saint-Saëns dira
d'elle : "Il n'y a qu'une personne au monde, qui sache jouer Liszt : c'est Marie Jaëll".
A la mort de son mari, Marie poursuit sa carrière de concertiste, tout en s'adonnant à la composition. "Un nom d'homme sur
votre musique, elle serait sur tous les pianos" lui dira Franz Liszt.
Ayant séjourné plusieurs fois à
Weimar auprès de Liszt, à qui elle sert de secrétaire, elle observe son jeu et l'analyse. C'est alors qu'à
l'apogée de son art, elle renonce à jouer en public pour se vouer à des recherches sur la sonorité et l'harmonie du toucher.
Elle se consacre désormais à l'élaboration d'une méthode de piano, basée sur la conscience du mouvement et le
développement de la main.
Albert Schweitzer, son élève, dira d'elle : "Je dois tant à cette femme géniale.
En travaillant sous sa direction, j'ai entièrement transformé ma main et suis devenu de plus en plus maître de mes
doigts. Mon jeu à l'orgue en à bénéficié a son tour".